Génica Athanasiou : l'anti-muse d'Antonin Artaud

En 1919, une jeune Roumaine arrive à Paris. Génica Athanasiou a quitté sa famille pour accomplir sa vocation en France - étudier un théâtre rénové, mêlant mime, danse et art dramatique. Attirée par l'enseignement de Jacques Copeau, elle entre dans la troupe fondée par son assistant, Charles Dullin : l'Atelier. C'est là qu'elle rencontre Antonin Artaud. Un amour passionné va les lier près d'une décennie et, au-delà de leur séparation déchirante, jusqu'à la disparition d'Artaud en 1948. Ensemble, ils vont triompher dès 1922 dans l'Antigone de Cocteau, dans des décors de Picasso et des costumes de Coco Chanel. Leurs carrières sont lancées, difficiles et précaires parce qu'exigeantes. Ensemble, ils vont mettre en scène et interpréter les premières pièces d'Aragon et de Vitrac dans un essai de théâtre surréaliste. Séparés par les tournées, Artaud écrit à Génica des lettres flamboyantes d'amour et de désespoir, car il est malade et se drogue pour atténuer ses souffrances. Modèle de photographes et d'artistes, Génica Athanasiou joue alors avec les Pitoëff, tourne dans le film surréaliste La Coquille et le Clergyman, participe aux débuts de Jean-Louis Barrault. La comédienne meurtrie partage ensuite la vie du réalisateur Jean Grémillon, avec lequel elle tourne deux longs-métrages. Mais elle reste fidèle à Artaud dans son coeur, jusqu'à l'asile où il sera interné à partir de 1937. Aujourd'hui, Génica Athanasiou n'est plus connue du public que par ses portraits de Man Ray ou les Lettres à Génica d'Artaud. Cette biographie, fruit de douze ans d'enquête, restitue son parcours passionnant dans l'avant-garde parisienne, tressant des amitiés et des projets exceptionnels.