Tout est là

Tout est là

« Je connais la date et le lieu exacts de ma conception. Février 1945 moins neuf mois. Mes parents habitaient à quelques kilomètres d'Auschwitz. De leur balcon, ils voyaient passer le cortège des déportés vers les chambres à gaz. Le soir, ils faisaient l'amour. Le crime m'a fait venir au monde. J'ai le grand âge des grands crimes. »

Allemagne, année zéro : une mémoire traumatique et une quête utopique, une vie à faire et un monde à refaire...

Après les années d'initiation, Maren Sell choisit la France. Mai 68, le romantisme révolutionnaire, le bouillonnement de l'université de Vincennes, l'engagement dans la Gauche prolétarienne, l'amour libre : elle restitue ici le parfum de la décennie 70 où l'on « chantait rouge » ... avant les années de plomb.

Militante de tous les combats libertaires, cofondatrice du journal Libération, écrivaine et éditrice, élue Femme d'Europe en 1995, elle fait revivre dans ce « traité de savoir aimer à l'usage des jeunes générations » d'innombrables figures, de Heidegger à Sartre, d'Andreas Baader à Gudrun Ensslin, d'Hélène Cixous à Marguerite Duras, d'André Glucksmann à Peter Sloterdijk.

« Au fond, j'ai toujours triché avec la Révolution » ironise celle qui n'a cessé d'imposer sa liberté individuelle contre les diktats collectifs : féministe mais aimant passionnément les hommes ; maoïste devenue bouddhiste ; à la fois passeuse des plus grands écrivains européens et accoucheuse de best-sellers populaires.

« Ma vie n'a été rien d'autre que d'affirmer ma fidélité à ceux qui chantaient à mes oreilles la présence du divin dans la beauté enchantée par une forme. »